Le Rendez-vous des Divinités : Apollon, entre Mystique et Visionnaire

Entre le jaune du soleil renaissant, le mimosa solaire de février, et le bleu d’un ciel d’hiver, c’est le dieu Apollon, aux traits juvéniles du jeune homme imberbe, que nous rencontrons lors de ce rendez-vous des Divinités.

Apollon est le dieu du soleil, des arts et des connaissances occultes. Il est doté de pouvoirs guérisseurs, prophétiques et divinatoires, le culte de la Pythie dans son sanctuaire à Delphes est très célèbre à travers toute la Grèce antique.

Ce dieu solaire, brillant, souvent représenté avec une belle chevelure blonde bouclée, se rapproche de Brigid, chez les Celtes, et partage avec elle les mêmes dons.

On peut ajouter à Apollon les dons du visionnaire et du créatif : le cortège des 9 Muses est une innovation dans le Panthéon olympique. En effet, Apollon est le seul dieu qui confie à des femmes le pouvoir d’être les Gardiennes de différents domaines créatifs et artistiques.

Il est également le jumeau de l’indépendante Artémis, il est très relié à elle depuis sa naissance lorsque la toute jeune déesse aide leur mère, Létô, à accoucher d’Apollon, sur l’île d’Ortygie, qui s’appellera ensuite Délos, « La Brillante », pour rendre honneur à ces deux divinités nées sur ses terres jusqu’alors arides et désertes.

Photo de Délos, issue du magazine le ©ollectionnist.

Dieu solaire et lumineux, Apollon est assimilé au dieu Hélios, à la lumière et à la vie. Il répand la lumière et ses flèches sont perçues comme les rayons solaires de l’astre bienfaisant. Son char lui permet d’apporter la lumière dans les différentes contrées de l’univers.

Mais attention à son aspect ambigu : le soleil dans sa douce chaleur réconfortante après les longs mois de l’hiver, mais aussi l’ardeur brûlante du soleil vue comme ses flèches malfaisantes et meurtrières. Il possède la même ambivalence que Brigid, douce et cruelle à la fois.

N’oublions pas l’épisode amoureux de Cassandre, la prophétesse qui dit la vérité mais que le dieu punit en n’étant plus jamais crue pour avoir rejeté le bel éphèbe qu’est Apollon.

Que dire de Daphné qu’Apollon métamorphose en laurier, pour que la jeune nymphe lui reste éternellement attachée en devenant son végétal fétiche, car elle a fui devant la proposition amoureuse du dieu ?

Sculpture Le Bernin, Galerie Borghèse, Rome.

Apollon, le dieu de la lumière qui revient…

Il se retire chaque année, en hiver, chez les Hyperboréens, une contrée très froide et obscure, située au-delà du Borée, le vent du Nord, (l’actuelle Russie), et rentre de sa retraite hiémale, pour célébrer la nouvelle année avec ce mois de février, qui, étymologiquement, signifie « purification », et qui apporte pas à pas le retour de la lumière plus forte et plus durable. Il est comme celui qui sort du tombeau pour s’élancer vers l’éclosion, la lumière du renouveau…

Poterie antique, 500 av. JC., British Museum, Londres.

Apollon, le dieu guérisseur et purificateur, qui répand sa lumière sur les humains, les animaux et les végétaux, tricote en mailles serrées avec Brigid. Tous deux entretiennent un lien étroit avec le terrestre qui a besoin de composter avant de renaître et de jaillir à la vie.

Apollon, affiche pop art.

Apollon est aussi un dieu nocturne, ténébreux, dont l’étymologie [apollunai] signifie « qui fait mourir ». Il peut se montrer impitoyable, féroce, et entraîner une mort subite : il n’hésite pas à tuer Coronis, sa jeune épouse infidèle, en arrachant des flammes l’enfant qu’elle portait, le dieu Asclépios, qui deviendra le dieu de la médecine.

Il tue douze des enfants de Niobé qui a osé se vanter d’être plus fertile que sa mère Létô.

Il peut aussi transmettre les épidémies comme la peste qui frappe la ville de Troie.

Apollon a sa face sombre et doit composer avec dans un juste équilibre pour ne se diriger que vers sa face lumineuse et tuer pour rétablir l’équilibre.

Comme lorsqu’il tue le serpent/dragon Pythô qui dévaste la ville de Delphes : Apollon tue le représentant des forces souterraines et ténébreuses de la Terre, puis il se purifie près de la source Castalie et fera de ce lieu son sanctuaire en en devenant la divinité tutélaire et poliade.

Il y installe la Pythie qui transmet les oracles du dieu en entrant en transe profonde après avoir ingéré du laurier sauvage, et inhalé les vapeurs d’eau sulfureuse qui émanent du sol.

Le dieu dit ainsi « je » par la bouche de cette Prêtresse.

La Pythie, capture du film Les 300.

Les oracles d’Apollon permettent de connaître la cause du mal et ses remèdes. Il est le dieu de la clairvoyance et de la prescience : l’auteur Hérodote disait qu’Apollon « sait tout, le nombre des grains de sable comme les dimensions de la mer ». 

Ses connaissances sont vastes et étendues comme l’univers l’est.

Le philosophe Platon le définira comme le dieu de l’harmonie céleste et terrestre, il possède le rythme « celui qui fait mouvoir ensemble les corps célestes, les rayons solaires et le son de sa lyre. »

Apollon est le garant des bonnes fondations d’une nouvelle cité et des bonnes législations : il assure le nouveau départ sur des assises solides que la Déesse Hestia a su poser en janvier dans le creux et la douceur de l’hiver.

Comme une musique bien réglée, il assure l’eurtyhmie, le bon rythme en grec, l’harmonie, la concorde et la paix entre les citoyens.

Parèdre antique de Brigid, Gardienne de la voix et de la poésie, Apollon est le dieu du sensible par les mots, par la poésie, par les sons, par la musique et le chant, il est celui qui mène les 9 Muses, il est ainsi appelé Apollon Musagète.

Il est par ailleurs le père d’Orphée, le poète antique enchanteur qui, par sa voix et ses mélodies, entraîne entre les mondes quiconque l’entend.

Apollon et les Neuf Muses sur le Mont Parnasse, tableau d’Andrea Appiani, Galerie d’Art Moderne de Milan.

« Apollon joue de la lyre bombée à l’odeur embaumée ; elle résonne de façon suave sous le plectre d’or » Hymne homérique à Apollon Pythien, 580 av. J.C.

Statue en marbre d’après une statue antique originale, Allée Apollon Nord, Château de Versailles.

Autre point commun avec Brigid, Apollon est un Dieu Gardien des troupeaux, des pâtres et des bergers. Proche de la Nature, il est Protecteur du blé et est souvent représenté à Sparte sous les traits d’un dieu bélier, appelé Apollon Karneios.

Apollon dans toute son ambiguïté autant solaire que ténébreuse, terrestre que céleste, renaissante que funéraire : il est une véritable passerelle entre les saisons de l’hiver et du printemps.

Apollon autant « Brillant et Eblouissant » que « Terrifiant » dans son épithète « Phoibos » « celui qui crée la peur », qui ébranle en faisant trembler de ses pas le sol, l’arc bandé prêt à décocher de puissantes flèches.

Apollon, l’éternel beau jeune homme, à la longue chevelure bouclée et flottante dans les airs, entre féminité et masculinité.

Apollon , le dieu du sensible, du poétique, du musical.

Apollon, divinité oraculaire.

Apollon, le déçu en amour comme le blessé en perdant son amour Hyakinthos, qui deviendra la jacinthe.

Apollon, le dieu de l’équilibre, de l’harmonie, entre Ciel et Terre, comme tout être humain à la recherche de cet équilibre juste et harmonieux, en quête de stabilité et de beauté.

Illustration réalisée par Justyne de @saltystudio_france.