Clémentine Lévy : « Les fleurs sont comme des êtres humains, chacune a son caractère »

Fondatrice du studio de design floral Peonies et Beauty Activist, Clémentine Lévy s’est lancé un nouveau défi en fondant la Peonies Flower School, un paradis de verdure, à une heure de Paris, où elle souhaite transmettre son amour des fleurs. Rencontre avec une passionnée de beauté.

Quelle place les fleurs occupaient-elles dans ta vie d’avant ?

J’ai toujours adoré les fleurs mais plus particulièrement les jardins. Lorsque je voyage, je prends toujours le temps d’en visiter quelle que soit la ville où je suis. J’aime les nuances de couleurs, de senteurs, ça m’apaise beaucoup !

Qu’est-ce qui fait, selon toi, la beauté d’une fleur ?

Selon moi les fleurs sont comme des êtres humains : chaque variété a son caractère, ses qualités et ses défauts ; elles peuvent être généreuses, discrètes, capricieuses… Elles sont belles par leur côté inaccessible aussi ; elles savent se faire désirer !

Tu te présentes comme designer floral et non fleuriste. Quelle est la différence ?

C’est vrai je ne me dis presque jamais fleuriste car selon moi c’est un terme trop officiel – lié aux métiers de l’artisanat au sens scolaire du terme, et c’est un carcan dont j’ai toujours voulu me détacher en assumant pleinement le fait de m’être formée sur le tas en assistant à des workshops d’autres designers floraux dont j’affectionne le travail et en ayant beaucoup pratiqué seule. Designer floral correspond plus à mon activité aussi parce que je travaille principalement dans l’événementiel et que je construis chaque projet avec mes clients que ce soit pour des marques ou des mariages de particuliers.

La transmission est au cœur de ton projet. D’où te vient ce désir ? Comment communique-t-on la passion des fleurs ?

On ne peut pas transmettre sans passion. Je tiens ça de ma famille car j’ai des parents, des grands-parents et une sœur enseignants, et j’ai appris à travers eux qu’on ne peut pas enseigner sans y mettre tout son cœur. Travailler les fleurs fut une vraie révélation pour moi, et très rapidement, j’ai ressenti ce besoin de partager cela avec d’autres. Je donne des cours et formations depuis 2018 et j’y prends beaucoup de plaisir. Je rencontre des gens formidables et ces moments d’échanges sont vraiment précieux pour moi.

Avec la Peonies Flower School, tu te rapproches encore plus de la nature. Pourquoi est-ce important ?

J’ai effectivement acquis un hameau en Mayenne où je donnerai désormais tous mes cours d’art floral : un écrin de verdure au creux des collines où je ferai pousser mes fleurs dès la saison prochaine pour une expérience 100% immersive dans l’univers floral.

C’était une nécessité de quitter Paris, j’y ai vécu 12 ans après avoir passé la majeure partie de ma vie en Normandie, à la campagne, que je rêvais de quitter à l’époque. Je pensais être une vraie citadine mais depuis que je travaille les fleurs j’ai ressenti ce besoin de retourner au calme et au vert! D’autant plus maintenant que je suis maman.

La culture massive de fleurs pose des problèmes environnementaux. Comment faire évoluer les mentalités ?

Beaucoup de fleuristes et de professionnels de la fleur ont commencé depuis quelques années à faire bouger les lignes en communiquant sur l’impact environnemental des fleurs venues d’ailleurs et de la nécessité de consommer local, et ce pas seulement pour la nourriture!

Il y a un très grand savoir-faire horticole en France qui s’est longtemps perdu avec la mondialisation mais qui revient en force et j’en suis très heureuse pour la filière et les producteurs.

Au-delà de la culture, nous avons aussi, nous, en tant que designers floraux/fleuristes, une responsabilité quant à notre utilisation des fleurs : pas seulement à l’achat mais aussi lors de la confection de nos compositions. En utilisant des techniques et des outils de création réutilisables, qui ne polluent pas nos océans (comme la mousse artificielle beaucoup trop utilisée par facilité) ; mais aussi en tenant compte de nos déchets une fois nos événements terminés. C’est un circuit à penser dans sa globalité, du producteur, au consommateur, en passant par nous, les travailleurs de la fleur. Si tout le monde y contribue, alors la filière horticole française a de beaux jours devant elle !

Photo de couverture par Pauline Darley.